La vie des sections Unafam du Finistère



 

 

 

 

LA DOPAMINE AU COEUR DE LA PSYCHOSE  

Conférence du Professeur Hervé Allain professeur de pharmacologie à la faculté de Rennes, 
le 18 juin 2002, à MORLAIX

 A)    Remarque préliminaire.

Un médicament est vraiment efficace, s’il y a en plus un contexte affectif, familial, social, environnemental, favorable.

B)    Brefs rappels historiques

1.      Jusqu’à la dernière guerre mondiale les soins ont été basés uniquement sur des théories psychologiques et psychanalytiques. C’est en France qu’on a le mieux décrit les maladies psychiatriques. Ex : la schizophrénie qui comporte des signes positifs tels qu’hallucinations et délires et des signes négatifs comme le repli sur soi, le manque d’intérêt.

2.      Les neuroleptiques ont permis de faire disparaître les signes positifs mais se sont montrés assez peu efficaces sur les signes négatifs.

3.      Les antipsychotiques encore appelés neuroleptiques atypiques ont récemment permis d’agir également sur les signes négatifs. C’est le cas du Leponex qui a néanmoins des effets secondaires indésirables.

Presque toutes les découvertes sont dues au hasard. Par exemple, c’est en faisant des recherches sur les anesthésiques qu’Henri Laborit a découvert le Largactyl ; Delay et Denicker ont constaté que ce produit agissait sur les psychoses. Ce fut le premier neuroleptique connu.

4.      Les méthodes actuelles consistent à :

-voir ce qui ne va pas bien dans le cerveau d’un malade.

-étudier la chimie du cerveau.

-essayer de trouver des médicaments.

5.      On progresse grâce à :

-la clinique qui peut faire évoluer la classification des patients.

-la neurochimie, la génétique, les modèles animaux, la pharmacologie.

-l’industrie partenaire qui fabrique des molécules nouvelles.

-la neuro-imagerie, outil très intéressant qui grâce à des sortes de caméras permet de voir de façon de plus en plus précise comment fonctionnent différentes zones du cerveau.

      -des centres spécialisés qui testent les nouveaux médicaments (il en existe un à Rennes.

C)    La dopamine au cœur du cerveau.

1.      Découverte

La dopamine a été découverte dans les années 60 mais ce n’est qu’en 2000 que Carlson a eu le prix Nobel pour ses travaux.

2.      Rôle.

Elle est au cœur du cerveau. C’est un neurotransmetteur, c’est à dire, une substance chimique qui permet les connexions entre certaines cellules du cerveau (des neurones).

-l’absence de dopamine provoque la maladie de Parkinson.

-elle intervient dans :

-ce qui permet d’acquérir des connaissances, ( la cognition) ; ex : dans la mémoire, le traitement de l’information.
-les émotions, le plaisir
 ; ainsi la cocaïne, en stimulant la dopamine agit sur le plaisir.
- 
les contrôles hormonaux ; ainsi si on diminue la dopamine, parfois les seins gonflent et donnent du lait.
-le vieillissement du cerveau. Il faut éviter que la dopamine ne se
 dégrade de trop.
-la motricité.

Un Américain a écrit que la dopamine est à l’origine de l’intelligence humaine.

 3.      Mode d’action.

(a)    La dopamine fonctionne en duo avec de petites molécules de neurotensine. (on a pu observer que des animaux sans neurotensine ne réagissent pas aux neuroleptiques et on s’intéresse donc actuellement à la neurotensine pour trouver de nouveaux médicaments).

(b)   Quant deux cellules nerveuses (ou neurones) sont connectées grâce à la dopamine, on peut dire en simplifiant : 

                           -que la dopamine produite par la première est comme une clef.

                           -qu’elle entre dans un récepteur de la seconde qu’on peut comparer à une serrure.

Il y a cinq types de récepteurs à dopamine.

 (c)    La dopamine intervient dans les relations notamment entre :   
                       
-l’écorce du lobe frontal du cerveau (qui a un rôle capital dans le comportement et l’adaptation sociale),

                           -et des structures profondes (qui ont un rôle dans les émotions et les mouvements).                  

Ces zones se contrôlent l’une l’autre. Il faut un équilibre entre les deux

D)    Dysfonctionnements liés aux psychoses

1)       -Depuis trente ans, l’hypothèse selon laquelle la schizophrénie est liée à un dysfonctionnement des connexions par la dopamine est considérée comme la plus valable. La stimulation de la dopamine déclenche les délires et les hallucinations alors, qu’au contraire, le blocage de récepteurs à dopamine est antipsychotique.

 - Grâce à la neuro-imagerie, on a pu voir chez un jeune schizophrène non traité, qu’en   période de crise, la dopamine est en excès ; alors que pendant les rémissions, elle est normale. 

                    -Les 2 zones du cerveau où la dopamine intervient ne se « causent » plus normalement.

2)      Avec la dopamine, d’autres neurotransmetteurs sont également concernés. Ex : la sérotonine et le glutamate ; L’équilibre relatif de ces trois substances est perturbé dans la schizophrénie.

E)    Anomalies liées aux psychoses.

1)      Dans le cerveau de personnes souffrant de psychoses on remarque un  élargissement des cavités ou ventricules et même des anomalies au niveau du tissu qui constitue le cerveau.

2)      Il y aurait des anomalies dans le développement du cerveau et de certaines connexions

3)      Des facteurs de vulnérabilité (de fragilité) génétique existent mais pour que la  schizophrénie se manifeste il faut des facteurs déclenchants tels que virus, hormones( ?) pendant la grossesse, périnatalité perturbée, stress…

F)    Médications.

1)      La donnée majeure d’un cerveau qui ne se développe pas normalement est à prendre en compte. Il faudrait donc corriger l’anomalie dès l’enfance. Certains signes, parfois minimes, permettraient de la déceler précocement.

2)      Actuellement tous les médicaments agissent sur un type de récepteur à dopamine : les récepteurs D2. On peut imaginer leur effet, un peu comme celui d’un bouchon.

      Si les neuroleptiques, tels que l’Haldol, n’agissent que sur ce type de récepteurs, les antipsychotiques (Leponex, Zyprexa, Risperdal) interviennent simultanément sur la dopamine, la sérotonine et le glutamate.(On rappelle que contrairement aux neuroleptiques, ils agissent non seulement sur les symptômes positifs mais aussi sur les signes négatifs).

                  Il existe une quarantaine de médicaments qui ont des propriétés annexes différentes, ce qui explique qu’ils conviennent plus ou moins bien. Ainsi le Zyprexa a des propriétés antidépressives. On pourrait imaginer pouvoir déterminer le choix du médicament et du dosage le mieux adapté au patient, par ordinateur. 

  G)    Questions en suspens. 

  1)      Pourquoi la dopamine est-elle en excès ?

2)      Pourquoi certaines zones du cerveau ne s’accordent-elles plus ? 

3)      Quelles sont les bases génétiques ? (ce n’est pas simple, pour la  schizophrénie, plusieurs gènes sont concernés)

4)      Certaines schizophrénies n’auraient-elles rien à voir avec le  dysfonctionnement de la dopamine ? Que penser des schizophrénies résistantes ?

5)      Les psychoses maniaco-dépressives sont un autre problème à élucider. 

      Conclusions. 

1)      La théorie de la dopamine doit être privilégiée 

2)      L’affinité et le blocage des récepteurs D2 sont les mécanismes essentiels de l’action des médicaments.

3)      Les nouveaux médicaments agissent sur les 2 types de symptômes. Les  effets secondaires (troubles parkinsoniens, prise de poids) sont également moindres.

 

 

Morlaix et son viaduc

 

Quatrième Rencontre Régionale de Bretagne
Morlaix, le 21 octobre 2000

 

EXPOSES LIMINAIRES SUR LES MESURES DE PROTECTION (TUTELLE, CURATELLE)

 Matinée : M.  BAUER, Directeur de l’UDAF du Finistère
Après-midi : Dr COZIC, Chef de service de psychiatrie à l’Hôpital de Bohars

 

 

M. BAUER

TUTELLE ET CURATELLE : CARCAN OU CHEMIN VERS L’AUTONOMIE ?

Il existe 500 000 mesures de protection en France en 2000. C’est un problème politique, car la France possède le nombre le plus important de ces mesures en Europe.
Rappel historique
 : la notion de tutelle remonte à l’Antiquité (époque de Justinien).
 
Au XIXème siècle, quand une personne était hospitalisée, elle était privée de ses capacités
Dans les années 1960, deux réformes ont vu le jour :
-         En 1966 : la loi de Tutelle aux Prestations Sociales (et familiales), d’abord pour les enfants puis pour les adultes. En 1975, les adultes percevant des prestations relèvent de la TPSA (Tutelle aux Prestations Sociales Adultes)
-         Janvier 1968 : régime de protection pour les majeurs incapables

Les tutelles sont prononcées par des magistrats. Il existe trois sortes de mesures de protection :

1.      La sauvegarde de justice : mesure provisoire, mise en place rapidement
2.      La curatelle : mesure définitive pour les personnes dont les facultés sont altérées profondément et durablement, mais plus légèrement que pour la tutelle.
3.      La tutelle : mesure d’assistance pour un majeur protégé, avec la gestion des ressources de la personne. C’est une mesure de représentation, le tuteur prend des décisions à la place de la personne, sous le contrôle d’un Conseil de famille et d’un Juge des Tutelles.

Ces mesures peuvent être confiées, à la famille (qui a priorité)ou à des tiers extérieurs :

-        Proches rémunérés ou bénévoles

-        Gérants de tutelles d’établissements (au sein d’organismes agréés)

-        l’Etat (il existe une Tutelle d’Etat depuis 1974), représenté par le Préfet ou le Directeur des Affaires Sanitaires et Sociales (DASS)

N.B.L’Etat a ouvert des services tutélaires dans les DDASS, mais s’est désengagé à partir des années 1990 (contrairement à ce qui se passe au Québec par ex.)

Les organismes agréés du Finistère sont :

-         Les Associations Tutélaires du Ponant (ATP)

-         l’UDAF (Union départementale des Associations Familiales)

-         La Caisse d’Allocations Familiales (CAF)

-         La Mutualité Sociale Agricole

Lorsque la famille n’est pas choisie, il y a intervention d’un tiers, soit un proche ou un ami, soit un organisme habilité. Le tiers entre dans la vie d’une personne inconnue, avec souvent un démarrage difficile. Il doit apprécier au plus juste la situation. Le problème du contenu de l’intervention se pose, car il a une mission judiciaire mais aussi des responsabilités morales et sociales.
On peut distinguer trois étapes :

  1. Prise en charge de la mesure

Il faut rencontrer la personne, lui expliquer la mesure de protection, contacter les intervenants sociaux, la famille.
Il faut protéger les actifs, rembourser les dettes, protéger les comptes financiers, financer les assurances
Il faut aussi ouvrir les droits, inventorier le patrimoine immobilier, inventorier le passif
Ce temps d’intervention est assez long

  1. Vie de la mesure

Il faut régler les charges, remettre l’argent à la personne (ce qui implique des contacts fréquents), effectuer des actes qui portent sur la santé, le patrimoine, prendre différentes mesures inscrites dans le projet de vie de la personne.
Il faut aussi contacter le magistrat, attendre sa décision.

  1. Fin de la mesure

Il faut informer les partenaires de la fin de la mesure (main-levée, ou décès, qui implique le contact avec les héritiers).

Il faut transmettre les pièces nécessaires.

Les conditions de rémunération sont les suivantes :

-         inférieure à 300 F si la personne est en établissement

-         »700 F pour une personne vivant en milieu ouvert

La personne paie sa mesure, l’Etat vient en complément.

Il faut rappeler la longueur de la tâche (rencontres, démarches).

Le Rapport Favard, dû à une Commission Interministérielle préconise une vingtaine de principes :

-         Respect des Droits de l’Homme
-         Préservation maximale de la capacité (car ces mesures touchent de 1 à 3 % de la population
-         Principe de nécessité et de subsidiarité : il faut voir s’il y a un autre dispositif, si la mesure est nécessaire.
-         Prééminence des intérêts et du bien-être de la personne : les biens de la personne sont utilisés à son profit et pour son bien-être
-         Respect des souhaits et des sentiments de la personne
-         Consultation systématique de la personne, nécessité de recueillir son avis
-         Droit de la personne à être entendue au moment de la mesure de protection
-         Révisions périodiques, par ex. tous les 5 ans
-         Pouvoir limité des représentants
-         Responsabilité engagée des représentants en cas de faits dommageables qui leur seraient imputés
-         Rémunération des mesures quand ce sont des tiers qui interviennent : la personne concourt au financement de sa mesure

Quelles suites seront données au Rapport Favard ?

 Il semble que les Pouvoirs Publics souhaitent limiter l’entrée dans le dispositif des mesures de protection, avec la création d’une Commission Médico-Sociale par département, et en recommandant de n’envoyer que des signalements valables au Juge des Tutelles.
S’agit-il surtout de maîtriser l’enveloppe budgétaire ?
On souhaite réduire les flux d’entrée, faire une révision des mesures, restructurer les services aujourd’hui payés à la mesure, auxquels on affecterait désormais une dotation globale, ce qui se traduirait par une absence d’augmentation des moyens.
Faut-il rappeler que le contenu de la prestation des organismes agréés et de leurs tuteurs est lié aux moyens consentis ?



 

 

Dr COZIC

Après avoir évoqué en préambule diverses considérations d’ordre philosophique, le Dr Cozic aborde le vif du sujet
Envisager une mesure de protection pour un majeur, c’est le priver d’un certain nombre de droits. Il devient un « incapable majeur ».

Quel est le déroulement de la mise en place d’une mesure de protection ?
Il y a d’abord le développement d’une pathologie assez longue, ponctuée d’hospitalisations. Il y a la souffrance du malade et de ses proches, la détresse de la famille. Parfois la violence bouleverse les relations intra-familiales. Dans un premier temps, l’entourage essaie de colmater les brèches.
Dans un deuxième temps, le moment survient où on commence à évoquer des mesures de protection, parfois à l’occasion d’une première hospitalisation. La mise en œuvre de la procédure par le médecin traitant ou le psychiatre entraîne des réactions de refus, de rejet.
Quelquefois la demande émane de la famille et suscite le rejet du malade et parfois le refus du médecin. Quelquefois la demande vient du malade lui-même.
Il s’agit d’une étape critique :
-         On inscrit dans la loi la perte d’autonomie du malade, qui a besoin d’être protégé (surtout dans certains quartiers où des éléments douteux  essaient parfois de profiter du malade).
-         La famille doit se livrer à un travail de deuil par rapport à l’image idéale qu’elle se faisait de son enfant (ou d’un parent devenu âgé et atteint de démence de type Alzheimer, par ex.). Il est à noter que la psychose d’un enfant induit des relations particulières entre le malade et sa famille. On peut rappeler la phrase « Les schizophrènes n’ont pas réglé le problème des relations avec leurs parents et font tout pour qu’ils ne l’oublient pas ». Dans cette relation ambivalente amour/haine, l’argent peut prendre parfois une place importante.
-         La tutelle et la curatelle devraient être précédées d’une préparation de la famille et du malade. Il faut expliquer ces mesures au patient et à ses proches, et laisser le temps pour qu’un certain travail psychologique se fasse.
La procédure est longue : il faut
-         Retirer le dossier auprès du Juge des Tutelles
-         L’intervention d’un médecin
-         L’audition du malade, de son entourage

Puis vient le temps de l’exercice de la mesure, où il faut distinguer la protection des biens et celle de la personne, en termes de droit mais aussi en pratique.
La place de l’argent n’est pas négligeable dans les relations humaines ou familiales. Pour les patients, qui sont inscrits dans la société, se pose le problème de l’argent. L’argent est un véhicule affectif entre le patient et sa famille. Le délégué  à la tutelle s’inscrit dans une relation compliquée, parfois aliénante. Dans le meilleur des cas il joue un rôle de tiers. Quelquefois il y a opposition entre le tuteur qui gère le patrimoine et le patient qui ne comprend pas les décisions prises.
Il faut aussi compter avec le poids des mots, tels qu’ils sont utilisés par la loi du 3 janvier 1968
-         « incapable majeur » : inapte à jouir d’un droit ou à l’exercer, mais dans le langage courant cela signifie inapte, impuissant.
-         « altération des facultés mentales » : mots très forts parfois mal compris par le patient.
-         « prodigalité, intempérance, oisiveté » : s’agit-il d’une condamnation morale ?
Tous ces termes marquent de près le sujet et son entourage. C’est un « jugement » (cela implique-t-il un délit, une faute ?)

Il faut expliquer la procédure au patient : c’est une mesure de protection mise en place dans son intérêt.

Quels sont les effets de la protection ?

1)      La curatelle :
-         Le sujet garde la possibilité de voter
-         Il ne peut être élu, juré, tuteur, membre d’un conseil de famille
-         Il peut être assisté pour certains actes de disposition

2)      La tutelle
-         Perte des droits civiques : le patient ne peut plus voter, ce qui est très grave pour certains sujets. C’est très important d’être un citoyen.
-         Il est frappé d’incapacité pou les droits civils (mariage, donation, testament). Les actes sont annulés ou modifiés.
-         C’est une incapacité civile presque totale, très difficile à vivre pour le patient et sa famille.
Si le parent exerce la mesure, le poids des passions, des conflits, des secrets, de l’agressivité, se fait sentir
Si ce n’est pas la famille, elle est le théâtre de réactions passionnelles : ou bien elle se dévalorise, ou bien elle se culpabilise.

En conclusion, la mesure de protection est une mesure d’assistance, même s’il reste une part d’autonomie importante chez le malade. Il reste un sujet au sens philosophique.

La loi du 3 janvier 1968 distingue protection et direction : le patient doit être entendu, son point de vue est important
La corrélation systématique qui existait auparavant entre hospitalisation sous placement et mesure de protection a été heureusement brisée par la loi de1968.
Ces mesures de protection ont une fonction presque thérapeutique, pacifiante (dans le cas d’une mesure attribuée à quelqu’un d’extérieur à la famille). C’est une demande du médecin, une décision du magistrat. Le tuteur ou le curateur prend une position tierce entre le sujet et sa famille, entre le sujet et la société. La tutelle est une sorte de suppléance partielle.

Est-ce un chemin vers l’autonomie (qui ne se résume pas au fait de résider dans un appartement séparé) ? Le sujet peut récupérer son autonomie, on peut alléger la mesure ou y mettre fin.

 

 

 

Section UNAFAM du FINISTERE

 

 Un autre regard

Section UNAFAM  du FINISTERE

 Rapport moral de l’année 2001-2002 (octobre à septembre)

______________________  

L’activité de l’UNAFAM-FINISTERE s’analyse essentiellement en fonction de la poursuite de 2 objectifs, inscrits d’ailleurs dans les statuts de notre Association :

- D’abord l’accueil des familles touchées par la maladie psychique. Il s’agit là de notre action prioritaire qui se fait selon diverses modalités, telles que écoute téléphonique, permanences mensuelles pour l’accueil des familles, constitution de groupes de paroles, réunions conviviales de détente, etc….

- Ensuite le rôle de représentation auprès des différentes instances de la société pour que soit connues et acceptées les spécificités du handicap par maladie psychique

 Le premier de ces rôles incombe plutôt aux antennes locales de Brest, Morlaix et Quimper. Il sera présenté au point 2 de ce rapport.

Le second, sans que cela soit exclusif mais qui nécessite de la part de tous une grande volonté de coordination et d’harmonisation, relève d’une démarche départementale.

 Avant d’y venir il est bon de rappeler que notre Association est une association de « militants » qui a pour ambition d’être la voix des « sans voix » ; c’est en effet une des caractéristiques du handicap psychique que la plupart de nos proches n’ont guère par eux-mêmes la capacité de prendre la parole devant la société, exception faite de la FNAP-PSY, association de malades et d’anciens malades mais qui a bien du mal malheureusement à trouver des adhérents.

Nous-mêmes UNAFAM-FINISTERE n’enregistrons au niveau des familles qu’un noyau de volontaires puisqu’à la date du 11septembre 2002, selon le siège de l’UNAFAM nous nous comptions au nombre de194 adhérents pour le département. Nous étions :

-137 le 29décembre 2000

-177 le 31 décembre.2001

Il est évidemment satisfaisant de constater cette progression, puisque nous étions par exemple moins de 100 en 1997 mais nous sommes encore loin du chiffre statistique d’au moins 8500 familles finistériennes concernées par la maladie psychique, (1% d’une population donnée quelle que soit la région du monde selon le Livre Blanc)

I.                    Activité au niveau départementaL

Elle correspond en fait à l’activité déployée par le nouveau bureau départemental. On en retiendra, dans ce rapport, les points les plus significatifs.

1.       Constitution d’un nouveau bureau.

Les départs de Mmes M. Tomasini et J. Abélard (qui restent toutes deux membres de l’UNAFAM), pour des  raisons personnelles ou familiales nous ont amené à renouveler la constitution de notre bureau, dont la nouvelle composition est la suivante :

 Président délégué : J. Cl. Caroff (Morlaix)

Vice-présidentes : J. Conan (Quimper) et I. Le Mest (Brest)

Secrétaire : A. Diascorn (Morlaix)

Trésorier : R. Flécher (Quimper)

Membres : M. Tomasini, Présidente d’honneur (Brest).

                  J. Abélard (Brest)

Le bureau ne s’est guère réuni plus de 4 fois formellement, dont 2 fois à Châteaulin mais ses membres ont eu l’occasion de se rencontrer par ailleurs à de nombreuses reprises au cours des démarches auprès des Administrations de l’Etat et des collectivités ainsi que des élus politiques. Les membres du bureau disponibles ont été associés à ces démarches systématiquement.

 2.       Démarches auprès du Conseil Général.

 L’exercice 2001-2002 aura en effet été celui du déploiement d’une vigoureuse énergie  pour faire reconnaître auprès des responsables départementaux la spécificité du handicap psychique, dans la ligne du Livre Blanc des Partenaires de la Santé mentale, et la nécessité de l’accompagnement sous ses différents aspects (aide à la vie sociale, insertion professionnelle etc…).

Faire reconnaître cette notion de handicap c’est évidemment s’adresser aux financeurs en charge de l’Action sociale dans un département. C’est pourquoi nous avons inauguré le cycle de nos rencontres le 26 novembre 2001 en nous rendant auprès de M. G. Montfort, Président de la Commission d’Action sociale du Conseil Général, puis auprès de ses principaux collaborateurs politiques, Conseillers généraux, notamment Mme Maryvonne Blondin et Mme Adam, et administratifs, tels que la Directrice Mme Thoumine et les Docteurs Théry et Kiefer.

Confronté à d’énormes problèmes de financement au niveau du budget social on a senti chez nos interlocuteurs à la fois une sensibilité à la justesse de notre démarche et une circonspection sur le coût ; d’où leur préoccupation de nous ramener vers le sanitaire, une autre source de financement, mais cette fois par l’Etat. Les journaux se sont fait l’écho de propos que nous avions tenu lors d’une conférence à Brest en termes de politique de « la patate chaude ». Si le Conseil Général du Finistère a bien voulu marquer son intérêt pour notre démarche en octroyant à notre section une subvention de fonctionnement de 3000€, ce qui constitue une « première », si d’autre part le Docteur Théry qui a accepté notre invitation à une réunion de notre bureau, a donné un avis favorable au projet EPAL,  il reste que nous n’avons pas encore obtenu de réponse à la demande de création d’un poste de Chargé de mission destiné à nous accompagner dans un travail de recensement réel d’une population estimée statistiquement à 8500 personnes (cf. le Livre Blanc) et de définitions des modalités de son accompagnement.

C’est aussi pourquoi nous n’en sommes pas restés là.

3.       Démarches auprès de la DDASS (Etat)

 Nous avons en effet demandé et obtenu un rendez vous le 23 avril 2002 de M. P. Beal, Directeur de la Direction départementale de l’Etat pour l’Action sanitaire et sociale pour une rencontre sur le même thème que celui évoqué avec M. Montfort. Qu’elle ne fut pas au terme de cette rencontre notre heureuse surprise de l’entendre s’engager à provoquer, sous son patronage, une rencontre, avant que l’été ne soit passé, des principaux partenaires concernés par l’accompagnement des handicapés par maladie psychique.

Cette réunion a effectivement eu lieu le 18 juillet dernier (un compte rendu est joint au présent rapport ). Y participaient, sous la présidence de M. le Directeur P. Béal, assisté du Docteur Gwenael Conan des représentants de l’UNAFAM-FINISTERE, de la FNAP-Psy (représentant les personnes handicapées), de Centres hospitaliers, Organisme HLM, Associations tutélaires, CCAS de Morlaix et de Brest, Mutualité sociale agricole….La conclusion de cette réunion hautement symbolique (puisque c’est la première fois qu’on se réunissait à ce niveau pour parler du seul handicap psychique) fut qu’elle serait suivie de la constitution  d’un comité de pilotage des partenaires désireux de s’engager dans la définition des moyens et des évaluations à mettre en œuvre pour l’accompagnement des handicapés par maladie psychique. Ceci ouvre un vaste chantier pour lequel tous les adhérents de l’UNAFAM-FINISTERE devront se sentir mobilisés dans un avenir proche.

4.       Semaines de la Santé mentale.

 Notre section a assuré en octobre 2001 puis en mars 2002 l’animation et la coordination dans le département de 2 semaines de la Santé mentale. Ce type d’événement  a pour objectif de sortir les malades et tout le secteur psychiatrique du ghetto où la société les maintient en attirant l’attention de l’opinion publique sur les réalités de la maladie. Il se tient traditionnellement au printemps mais la sortie du Livre Blanc au printemps 2001 a amené les organisateurs à la repousser à l’automne pour reprendre en 2002 le rythme printanier.

Les organisations de conférences ou journée « portes ouvertes » reposent sur les bénévoles de l’UNAFAM-FINISTERE. Elles nous permettent d’interpeller par la voie des médias l’opinion publique et les responsables politiques sur des questions aussi cruciales que l’insertion professionnelle (Rencontre « Championnet » à Quimper).

5.       Participation à la commission nationale de recherche médicale de l’UNAFAM. Organisation de la Conférence du Professeur H. Allain.

Ceci est une nouvelle orientation dans l’activité de notre section à laquelle se dévoue avec une grande générosité, et en même temps avec compétence, Mme Alice Diascorn, notre secrétaire mais aussi déléguée à la commission recherche à l’UNAFAM à Paris. Le bureau, en phase d’ailleurs avec le Conseil d’administration de l’UNAFAM au plan national, estime en effet que faire connaître aux familles et à toutes les personnes concernées les avancées de la recherche médicale en matière de psychoses est l’un des moyens les plus efficaces pour sortir de la stigmatisation et du sentiment de culpabilité qui pèse sur les familles et par contre coup nuit à la santé de nos proches.

Dans cet esprit nous avons soutenu la démarche de Sanofi Synthelabo à Brest.

Et surtout elle fut suivie de la venue à Morlaix du Professeur H. Allain, pharmacologue de la Faculté de médecine à Rennes, qui est un chercheur réputé au niveau international. De l’avis de tous les participants (au nombre d’environ 200 personnes, chiffre jamais atteint à propos d’un thème aussi ardu dans l’amphithéâtre du CH de Morlaix) sa conférence du 18 juin 2002 fut très éclairante ; et il fut chaleureusement remercié pour son effort à se mettre au niveau d’un auditoire peu préparé à entendre un exposé scientifique sur des sujets aussi complexes que le fonctionnement du cerveau. La présence de J. Delbecq de l’INSERM et animatrice de la commission médicale de l’UNAFAM accentuait encore l’importance que donne notre association à ce champ nouveau de notre activité.

6.       Participation aux réunions de l’UNAFAM au plan régional et  national.

- Au plan régional les rencontres (3 ou 4 par an en moyenne) avec nos amis des autres départements bretons, sous la houlette de notre délégué régional, le Docteur Maurice Berton, est une source d’enrichissement par le partage des expériences des uns et des autres. Le Morbihan surtout, mais aussi l’Ille et Vilaine, nous offrent à cet égard des exemples à suivre. De plus la solidarité régionale permet l’organisation chaque année d’une journée régionale de l’UNAFAM Bretagne sur un thème qui répond aux questions que se posent les familles ; elle s’est tenue le 1° décembre 2001 à Saint Jacut-de-la-Mer sur le thème « Droits et devoirs des patients et des familles ». Nombre d’entre nous y ont participé. Et c’est ainsi aussi que notre section a de nouveau l’honneur (après octobre 2000 à Morlaix) d’organiser le 26 octobre 2002 cette même manifestation, cette fois sur le thème « aide à la vie autonome » à Quimper. Que l’antenne de cette ville et son animatrice, notre vice présidente J. Conan,  qui devra en supporter la plus grande partie de la charge soient ici remerciées.

-Au plan national nos obligations vis à vis des réunions de délégués départementaux ont été honorées à chaque fois par 2 ou 3 d’entre nous. L’activité, le dynamisme du Président J. Canneva et des personnes qui l’entourent méritent que nous prenions à la source les informations indispensables à la conduite de nos interventions départementales.

Par ailleurs si le Congrès national de Strasbourg (mai 2002) n’a pas eu l’éclat de celui de l’an dernier à Issy les Moulineaux (juin 2001) qui fut l’occasion de la présentation publique du Livre Blanc, il n’en demeure pas moins qu’il fut révélateur des progrès de notre Association dans l’opinion. La visite de réalisations spécifiques en région Alsace au bénéfice des handicapés psychiques apportent la preuve que les demandes que nous exprimons ne relèvent pas de l’utopie. La longueur du déplacement pour nous autres finistériens explique que peu d’entre nous ont pu y participer. Toutefois des cassettes audio ramenées de cette manifestation sont à la disposition des personnes qui les souhaitent.

7.       Voyages d’étude en Morbihan.

Le 23 novembre 2001, avant d’entamer le cycle de ses rencontres avec les responsables politiques et administratifs du département notre bureau, élargi à quelques personnes intéressées, s’est rendu en voyage d’études auprès de la section UNAFAM-Morbihan afin d’avoir ainsi une approche concrète des réalisations de nos voisins, tant en matière d’accompagnement à la vie sociale que de l’insertion professionnelle (CEPPEM). . Nous y avons été accueilli par le Président Pierron mis aussi les responsables d’Espoir 56. Leur expérience qui est le résultat d’une histoire vieille de plus de 20 ans devrait nous être utile pour nos projets d ‘avenir. Un compte rendu de ce voyage a été réalisé par Isabelle Le Mest qui met peu à peu en place pour le bénéfice de notre section un fond de documentation à la disposition de tous. Ce compte rendu peut être remis aux adhérents qui le souhaitent.

 8.       Participation aux C.A. et A.G. d’autres Associations et autres commissions.

S’il nous revient, à nous UNAFAM, de faire prendre en compte la spécificité du handicap psychique, nous ne pouvons pour autant nous désolidariser des autres structures au service d’autres formes de handicap et ceci dans l’intérêt même de nos proches. C’est pourquoi nous avons poursuivi et même développé nos représentations et participations dans différentes Associations et Commissions :

-Le Collectif des Associations de Personnes handicapées du Finistère

-La Cotorep

-Le Comité départemental des Hospitalisations psychiatriques (CDHP)

-Le C.A. de la CPAM du Nord Finistère

-Le C.A. de l’UDAF

-L’Association An Treiz

-Treizerien à Landerneau

-An Avel Vor, à l’’hôpital de Bohars

-L’association EPAL à Brest

-L’Athera-STAND-ART à Morlaix

-L’Association d’aide à domicile à Morlaix

L’Association « En Avant toute » à Quimper, etc…

Il faudra continuer à rechercher ce type de participation si nous souhaitons aboutir peu à peu à un système de réseaux maillant le département et pouvant servir ici et là à l’accompagnement social de nos proches. Cela suppose bien entendu que se lèvent parmi les adhérents d’autres bonnes volontés pour soutenir la démarche.

9.       Autres activités.

·         La réflexion sur le vieillissement de nos proches handicapés par maladie psychique. 

C’est là une question qui nous préoccupe tous et pour certains d’entre nous une réalité journalière. Un groupe de travail vient de se mettre en route au niveau national. Il associe les sections départementales à cette réflexion. Votre bureau a enregistré avec satisfaction l’accord de l’une de nous, Mme Claudine Bénéat (Morlaix) qui a une expérience professionnelle de directrice de Maison de retraite, pour y participer au nom de notre section.

·         La mise à jour de notre site Internet de l’UNAFAM-FINISTERE, grâce au dévouement et à la compétence d’Isabelle le Mest (Brest)

II.                  Activité au niveau de chaque antenne

A.      Brest

 Les activités de l’antenne Unafam de Brest se sont d’abord centrées autour de l’accueil, de l’écoute des familles : ainsi une quatrième permanence a-t-elle été créée le 3e vendredi du mois, de 18h à 20 h afin de toucher les familles qui travaillent. Les permanences de Bohars et de Landerneau sont maintenues ce qui suppose un réel investissement des bénévoles. Notre médecin-conseil, le Dr Cozic a par ailleurs reçu une fois par trimestre les familles qui en avaient fait la demande.

Nous avons aussi participé à toutes les démarches départementales initiées par le président –délégué, M. J-C. Caroff. Les représentations de la section du Finistère au C.A. de la CPAM du Nord-Finistère, au C.A. de l’UDAF, et à celui de l’association An Avel Vor se sont poursuivies, de façon à mieux faire reconnaître le handicap psychique auprès de ces organismes et associations et à y défendre les intérêts des malades et de leurs familles.

Par ailleurs diverses démarches et initiatives ont été engagées.

1.       Nous avons souhaité établir une sorte d’inventaire de l’existant en matière de structures extra-hospitalières et de dispositifs sociaux d’accompagnement, si modestes soient-ils. Ainsi à l’occasion des différents courriers nous avons diffusé la liste des CATTP et Hôpitaux de jour, ainsi que le descriptif de leurs activités après une visite et un entretien avec leurs responsables (Mme Ibrahim pour le CATP Camille Claudel, le Dr Cirolo pour l’hôpital de jour). Nous avons mis à la disposition des adhérents des informations sur l’aide à domicile, après un entrevue avec Mme Yven, directrice de l’aide à domicile de Brest. Nous avons visité également un Foyer de Vie, celui de Kervallon à Brest et avons été longuement reçus par son directeur M. Herlédan. Un compte-rendu de cette visite a été fait.

2.       Nous avons continué de participer aux travaux préparatoires du projet de club occupationnel pour personnes handicapées, notamment psychiques, en partenariat avec l’association EPAL : le projet a été finalisé et mis en forme, inséré par nos soins dans le site Internet de l’Unafam du Finistère, nous l’avons soutenu auprès des décideurs (Dr Théry pour le Conseil Général, Mme Abiven et M.Sawicki pour la Ville de Brest), ainsi que lors de la réunion de la DDASS en juillet 02. Son architecture reposant sur un emploi-jeune, elle devra être partiellement revue en raison de la disparition annoncée de ce type d’emploi.

3.       Le groupe de parole de Brest  a connu deux cycles de  5 réunions, de novembre à juin, il a regroupé une quinzaine de personnes . la psychologue diplômée, Mme Castel, s’est investie dans ce travail et a fait le bilan de l’expérience acquise au cours de 3 cycles de réunions sur deux ans, dans une synthèse remise en fin juin 2002.

4.       Nous avons participé à l’organisation d’une conférence sur la Santé Mentale (Exposés des Dr Walter, Genest et Papeta) - où nous avons pu présenter l’Unafam, ses buts et ses objectifs devant un public d’environ 200 personnes - , au cours d’un « Lundi de la Santé » organisé par le service Santé publique de la Ville de Brest à la faculté de médecine, et avec le soutien d’un laboratoire 

5.       Nous avons contribué à la préparation du forum organisé par l’ITES de Brest (Institut du Travail Educatif et Social) sur le thème de « L’intervention au domicile du malade psychique » et qui s’est déroulé le 20 juin 2002 à Quimper.

6.       Au cours de contacts informels, nous avons pris des renseignements sur les structures de Services d’Accompagnement à la Vie Sociale (SAVS) mis en place par les associations Espoir 35 (le SPAS de Rennes) et 54 (Nancy). Nous avons commencé à constituer une documentation sur ces services et notamment sur leurs chartes et leurs financements.

7.       Nous avons participé en tant que stagiaires et accompagné dans la découverte de Brest les participants au stage de formation MIM qui s’est déroulé à Brest les 29-30 et 31 janvier 02

 

 

 

Conférence du Dr HémerY

(8 décembre 2000)

 

« Qu’est-ce que la schizophrénie » ? (1)

 

Importance de la maladie

La schizophrénie atteint 1% de la population, soit 600 000 personnes en France. (Il y a 6% de la population qui contractent une maladie psychiatrique. La schizophrénie est mal connue du public car, souvent par une sorte de honte, elle reste clandestine. (Il faudrait au contraire tous se mobiliser pour améliorer le sort des malades)

 

1.        Historique du traitement des malades mentauX

·         Enfermement : la seule mesure possible jusqu’au 19° siècle

·          Au 19° siècle création d’institutions avec des activités manuelles et une certaine écoute des malades

·          En 1838, après plusieurs années de débats parlementaires, on décide de créer au moins un établissement par département pour accueillir gratuitement les patients (cette loi a été abrogée en 1990).En 1850 on ne parlait pas encore de schizophrénie mais de démence précoce (la démence était assimilée à l’époque à la folie. Il s’agissait d’une perte de capacité à agir et à réagir dans le monde)

·          Freud qui a postulé l’existence de l’inconscient, la sexualité infantile, le transfert, reste en ce qui concerne la schizophrénie, face à une énigme.

·          Au 20° siècle on progresse : la schizophrénie est caractérisée par une dissociation psychique. Le patient dans sa réalité et dans la réalité extérieure. Cela crée chez lui une angoisse très profonde dite de morcellement, au point que certains aient peur d’éclater.

2.Signes cliniques ; hallucinations et délires.

·         Les hallucinations sont la réverbération de l’angoisse, d’une peur sans objet qui ne peut être communiquée. Elle ne peut se fixer sur la personne elle-même, donc le patient se sent parasité. Comme il essaie de trouver une cause à cela, il attribue souvent ces phénomènes à une persécution.

·         Le délire crée une réalité autre, avec une logique nouvelle, servant d’identité au patient ; si bien qu’il a tendance à se couper du monde réel pour entrer dans un monde imaginaire avec, parfois, une agressivité et une violence incontrôlables et imprévisibles.

Les délires peuvent être divers. Ils peuvent faire intervenir l’extra-terrestre, les ondes… (Remarque : Il ne faut pas se polariser sur la violence ; les crimes ne sont pas plus nombreux chez les schizophrènes que chez les autres mais ils sont liés aux délires. Le patient perd tout contrôle, toute maîtrise.)

Les malades ont des difficultés de contact. Ils sont parfois figés, renfermés sur eux-mêmes ou s’exprimant de façon décousue : la pensée peut devenir hachée, tournant en rond. Parfois le regard est absent.

3. Peut-on parler de « la » schizophrénie ou « des » schizophrénies ?

·         En général, la maladie commencerait à 13, 14, 15 ans. Mais il existe aussi des décompensations à la trentaine (ex. d’un père de famille de 27 ans). La schizophrénie se traduit par une perte de capacité, par une perte de contact engendrant isolement, déprime

·         Parfois elle s’accompagne de la consommation d’alcool ou (et) de drogue. Le patient devient de plus en plus bizarre.

·         Parfois elle apparaît sous forme d’une bouffée délirante avec panique… Cela peut être lié à un surmenage

·         Souvent elle s’installe progressivement.

4) .Diagnostic

·         Le diagnostic est difficile à faire chez un adolescent. Les amphétamines, le cannabis peuvent aussi provoquer ce genre de troubles.

¼ des bouffées délirantes ne se reproduisent plus ou de façon épisodique.

Mais la moitié des patients vont avoir des hauts et des bas périodiquement. C’est là qu’on peut parler de la schizophrénie. Le patient n’admet pas être malade en phase chronique ; ce n’est qu’en phase aiguë qu’il accepte l’idée d’une maladie. Souvent il pense même que c’est le Psychiatre qui est malade.

Le déni n’a pas que des côtés négatifs. Comme le patient  « va bien », il veut travailler, conduire, etc…Il veut préserver le maximum, le plus longtemps possible. Il y a des « jusqu’aux boutistes ». Mais sans soins il y a perte de capacités. Si le processus de deuil est intense, il faut intervenir très vite ; mais par ailleurs il faut respecter une certaine autonomie

5. Soins.

·         Pour soigner, un barrage est à franchir. Il y a souvent à faire accepter ou à imposer une médication. A l’hôpital le patient vit en général très mal la privation de liberté, les modifications de sa pensée…Il y aune méfiance voire parfois un rejet des soignants.

·         La dernière génération de médicaments tels que le zyprexa, le risperdal… a peu d’effets secondaires et agit non seulement sur les liaisons neuronales à dopamine mais aussi sur les liaisons à sérotonine par exemple.

·         Les recherches sur le cerveau et les médicaments sont actuellement importantes mais l’origine de la maladie reste floue. Quelle est la part de la génétique, de la biologie, de l’environnement ?

·         Le séjour à l’hôpital n’est qu’une parenthèse dans la vie du patient. Il faut l’aider à élaborer un projet pour la sortie avec une vie relationnelle, une vie sociale, " lui apprendre à faire avec la maladie". Il faudrait davantage de psychiatres pour ce travail, pour collaborer avec les familles qui prennent le plus souvent le relais (1200 lits autrefois à Morlaix ; 250 maintenant ; alors que le nombre de malades est à peu près stable.)

·         Nombreux sont ceux qui ne peuvent pas travailler. Si un travail est possible, il y a peu d’emplois réservés aux malades psychiatriques. Le travail doit être envisagé, non pas comme une nécessité ou pour le salaire mais pour son intérêt pour l’autonomie, la socialisation…Il ne faut pas s’identifier à lui. L’informatique peut être intéressante pour les schizophrènes car c’est un monde virtuel

 

(1) Compte-rendu établi à partir de notes prises en cours de conférence

 

 

 

Goûter convivial de l’UNAFAM Finistère

le 13 janvier 2001, à Landerneau

 

 
Conférence-débat du docteur Baranger, chef de service de psychiatrie à l’hôpital de Bohars

Quel degré d’autonomie pour nos proches ?

    

       -         C’est une question qui préoccupe les proches
       -         Quelles sont les mesures que l’on peut préconiser pour un meilleur accompagnement ?
       -         Quels seront les relais de la responsabilité des familles ?

  I ) Comment définir l’autonomie et la dépendance ?

a)      Définition de l’autonomie, au niveau général

C’est un échange entre un sujet vivant et son environnement, accepté et défini par le sujet.
L’autonomie, c’est l’adaptation biologique, psychologique et sociologique, à cet environnement : ce n’est pas l’isolement, il peut y avoir un système d’appui autour du sujet.
En l’absence d’adaptabilité, on se trouve devant un déficit fonctionnel. S’il n’y a pas d’adaptation, c’est la perte d’autonomie.
Ces définitions valent pour tout le monde.

b)      Définition de la dépendance

Une personne est dépendante quand elle n’effectue pas sans aide les actions physiques et sociales de la vie quotidienne.
 
On est tous dépendants de quelqu’un, (par ex. d’une femme de ménage).
Théoriquement, quand l’autonomie diminue, la dépendance s’accroît, mais ce n’est pas aussi schématique.

c)      Définition du déficit

C’est une notion attribuée à l’interlocuteur quand il est dit être en défaut de capacités : le déficit est observé par les autres. Ces capacités devraient pouvoir lui être attribuées normalement. Ce n’est pas la personne qui est forcément responsable de ce que l’on nomme « déficit ». Ce déficit correspond à des attentes
La déficience suppose une perte de capacités par rapport à la norme.

Pour résumer, l’autonomie suppose des moyens, c-à-d des potentiels, biologiques, psychologiques et sociologiques, qui permettent les activités et donc l’adaptation, ce qui entraîne l’autonomie

d)      Les trois champs de l’autonomie

1)     physique : celle du corps, dans sa liberté de circulation, celle qui permet d’aller de chez soi vers un lieu. Elle nécessite l’intégrité corporelle (pouvoir utiliser ses jambes, sa vue…), un corps en état de santé, avec un bon équilibre métabolique (nécessite de s’alimenter).
Elle permet d’avoir les moyens de l’action.

2)     matérielle : c’est une question de ressources, de niveau de vie : peut-on s’offrir la même chose que la moyenne ? Question de qualité de vie : peut-on disposer de la télévision, de la radio, d’abonnements à des revues ?

3)     psychique : a-t-on des problèmes d’angoisse à éloigner ? Il faut se sentir bien. Peut-on agir avec des voix dans la tête ? Etre moins inhibé ? Peut-on être autonome par rapport à autrui, avoir de l’esprit critique par rapport à une infirmière par ex. ?
Cela suppose aussi l’autonomie d’autrui : les autres ont-ils le droit d’être d’un avis contraire, d’agir de façon différente ?

e)      Rapports entre l’autonomie et la maladie

Il y a des liens entre l’autonomie et les degrés dans la maladie, mais ce n’est pas systématique.
On peut se demander si le manque d’autonomie est un critère vrai de la gravité de la maladie, s’il y a liaison permanente entre degré d’autonomie et degré de la maladie.
La maladie ne représente qu’une cause possible de l’inadaptation sociale.
Certains malades tirent bénéfice de la situation de déficit : il y a des patients qui se mettent en retrait par rapport au travail, mais qui restent autonomes par ailleurs. Certains patients psychotiques se protègent en ne faisant rien.

On en arrive à la notion de fardeau : quand il y a déficit, ça pèse :
-         De façon objective, avec l’ensemble des difficultés pour assumer son existence
-         De façon subjective, c’est le fardeau moral, la réaction de l’environnement aux difficultés que pose le patient.
L’autonomie objective d’un patient allège le fardeau de la famille, assure l’autonomie de la famille

La maladie et la dépendance :
Certains signes négatifs comme la clinophilie (fait de rester au lit), ou l’apragmatisme (retrait, refus de participation) sont des signes très directs de la maladie et non un refus d’agir
A contrario, des signes positifs (délire, hallucinations), reçus comme des signes de gravité dans la maladie, ne sont pas forcément incapacitants.

En conclusion, les personnes malades doivent être considérées comme des personnes dans leur globalité. Il ne faut pas qu’il y ait de clivage entre la maladie et les conséquences de la maladie. On peut parler de handicap psychique.

II) Que faire pour réintroduire les personnes souffrantes dans la cité ?

On en vient à la notion de réhabilitation. Il faut reconsidérer les personnes, les réintroduire dans la cité.
La réadaptation, c’est d’abord essayer de comprendre pourquoi un apprentissage, une fonction ne marchent plus. Il faut arriver à la réinsertion dans le corps social. Par le passé, il y a vingt ans, c’était la réadaptation au travail. On a pris conscience d’une certaine vanité de cette approche. Cette notion de travail est à présent abandonnée, on lui préfère la notion d’occupation
On fait un peu du « bricolage » : on essaie d’abord de s’occuper de l’autre.

La maladie est considérée comme une souffrance de la liberté : la liberté se mesure quand on commence à la perdre. Pour les schizophrènes, il y a amputation de la liberté. C’est une maladie de la liberté. Il y a aussi souffrance d’être libre, de rencontrer des obligations. Certains psychotiques font passer la sécurité avant la liberté.

La qualité de vie est estimable à partir d’un certain degré de liberté. La schizophrénie n’aboutit pas à la perte totale d’autonomie : la maladie, si elle est soignée, traitée, fait la démonstration de possibilités nouvelles. Il faut des époques de bilan pour évaluer ce qui stagne, ce qui a changé.
Les signes de l’autonomie, sont des signes concrets, des faits, sans schématisme. Par ex. la qualité de vie ne tient pas à l’éradication des symptômes : si on supprime les voix d’un patient schizophrène au prix d’une sédation importante, de l’aboulie, du ralentissement, on ne lui garantit pas une qualité de vie satisfaisante. On ne peut rejeter le fait que les thérapeutiques ont leurs limites.
D’autre part, la qualité de vie d’un malade longtemps hospitalisé par ex. passe par les projections des désirs des soignants (on lui suggère d’aller au cinéma…), très différents de ce que les proches attendent du patient malade (réussite, niveau social). Il y a une différence entre l’idéal rêvé par les proches et ce qui est suggéré au patient.
Le patient attend qu’on lui donne des indications pour savoir comment faire pour vivre.

Travailler à la qualité de vie, c’est accepter que la maladie soit une réalité, que l’on fasse le deuil d’un sujet idéal, dont on avait rêvé. La maladie est une réalité incontournable.

 III Que peut-on souhaiter aujourd’hui pour une meilleure autonomie des personnes ?

Le problème des structures d’accueil se pose et il est conditionné par des considérations économiques. Pourtant l’ordre économique devrait être défini par le besoin du sujet malade. Actuellement, on cherche comment orienter les personnes pour que ça coûte moins.

 La maladie est liée à un handicap social, et il faudrait que la thérapeutique s’appuie sur des structures sociales. Or ce n’est pas le cas quand par ex. un patient hospitalisé se voit opposer des retenues sur son AAH, alors qu’il doit payer en plus le forfait journalier de 70F par jour ! Cela aboutit au fait que le patient ne peut s’acheter de cigarettes, qu’il ne peut pas financer une sortie, etc…On sépare trop le sanitaire et le social. Le patient en question ne pourra pas financièrement louer un logement.

 A-t-on besoin de nouvelles structures ? Le décret du 14 mars 1986 semble avoir prévu des structures suffisantes : on n’a pas besoin de nouvelles choses. Mais il faudrait que ces structures existent bel et bien : certains départements n’ont pas l’équipement minimal. Il faut réclamer l’égalité entre départements. Ce qui manque c’est les moyens de mettre en œuvre ces structures : l’argent, l’énergie, les ressources.

 On a besoin de la recherche, de nouveaux médicaments, avec moins d’effets secondaires, de nouveaux anti-psychotiques. On attend les médicaments curatifs de la schizophrénie.

On a besoin de la recherche dans le champ psycho-social : sur la dimension des outils de rééducation. Infirmiers, ergothérapeuthes, rééducateurs ont des techniques, mais il faut creuser une psychologie de la rééducation

Il faudrait

-         Un centre de réadaptation pré-professionnel (de type Billiers) par département. A noter le projet morlaisien qui doit voir le jour.Il ne faut pas que les services de psychiatrie se détachent de ces structures de réadaptation

-         Des unités médico-sociales d’accompagnement (à créer, voir le décret du 14 mars 1986) : des lieux avec hébergement, réadaptation et insertion dans la cité. Un équivalent de l’hôpital de jour avec hébergement, qui constitue un passage souple et sécurisant entre l’hôpital et d’autres structures d’accueil.

-         Des aidants bénévoles, des gens sensibilisés, formés à la maladie.

-         Une psychothérapie appliquée aux familles : une information sur la maladie, les systèmes de soins, ce qu’on peut proposer. Il est nécessaire de définir la solidarité pour les familles : accepter de se séparer, savoir jusqu’où on peut être solidaire, efficace et tolérant. Cela pose la question de l’alliance avec les familles : auparavant elles étaient écartées. Certaines familles vont mal : il faut protéger les familles pour que les uns et les autres puissent continuer à vivre

Il faut aussi une protection des soignants. Certes le rôle qu’on attribue aux soignants entraîne leur responsabilité. Mais ils sont mis en cause, font l’objet de procédures : il faut mettre les équipes à l’abri de ces mises en cause. Le secteur psychiatrique est souvent contesté. Il a été longtemps hégémonique mais on en est revenu. Il est actuellement beaucoup contesté.

Il faut travailler sur une notion élargie de réseau, qui permette un libre passage du sanitaire au social : par ex. réfléchir à la coordination entre le travail d’une aide-ménagère et d’une infirmière psychiatrique. L’infirmière libérale, le médecin généraliste (qui n’a pas toujours de temps pour faire des synthèses) pourrait faire partie de ce réseau.
Ce réseau, si on l’institue, doit redéfinir le champ de la psychiatrie. Actuellement, on ne sait plus trop jusqu’où on a à agir : il y a les querelles des familles, les nouveaux problèmes de l’adolescence… La psychiatrie ne peut pas tout faire.
Il y aurait obligation de bilan, (comme pour l’enquête lors de l’attribution de l’AAH) : tous les deux ou trois ans, il y aurait obligation d’un travail de synthèse, entre

-         équipe psychiatrique
-         équipe COTOREP
-         intervenants sociaux

Cela permettrait de requestionner régulièrement les intervenants auprès des malades. Car le suivi devient parfois un peu routinier, au bout de plusieurs années.
Le réseau serait un filet institutionnel, un ensemble de sécurités autour du patient, pas lâche mais bien posé.

En conclusion, faut-il rappeler qu’il n’y aura pas de politique de soins sans les médecins psychiatres ? Ce corps diminue dans le milieu hospitalier, c’est la logique de la psychiatrie libérale…
Il faut former des médecins généralistes. 
Il n’y aura pas de soins sans personnel soignant : certes on recrute beaucoup, mais il n’y a pas de personnel en surnombre. Il faut de la présence, de l’écoute, de la parole (infirmiers, éducateurs…)
Il faut un réseau d’action, d’intervention, mais pas de psychiatrisation du tissu social.

 

Comment soigner les maladies psychiques ?

Conférence du Docteur Genest

 Chef de clinique aux Urgences psychiatriques du CHU de Brest

Le 9 octobre 2001 à Brest

 

I ) Soigner la maladie mentale, c’est d’abord repérer un certain nombre de contraintes :

v     Définir la maladie mentale d’abord

Cela ne va pas de soi. Se pose en premier lieu le problème crucial du normal et du pathologique : doit-on tout soigner, ou encore soigner tout ce qui relève d’une souffrance psychologique (rappelons la problématique du deuil, de l’angoisse normale, de la tristesse normale), sachant que la France est parmi les pays les plus gros consommateurs de psychotropes. Cela touche à la vaste question de la place occupée ou réservée dans nos sociétés à l’expression d’une difficulté psychologique, société où l’individualisme ramène le sujet à son propre échec (tout le monde doit et peut réussir) (voir le livre d’A Ehrenberg sur La souffrance d’être soi). Il existe des malheurs « ordinaires ».

Le problème est aussi de ce qui fait maladie, au sens où la maladie mentale est définie en lien avec la société : homosexualité, tabagisme, exclusion…

Semble aujourd’hui relever de la maladie mentale (soit de ce qui s’adresse au médecin) de moins en moins de grandes catégories classiques (névrose, psychose, dépression) et de plus en plus un malaise très intriqué au champ social (situation de crise familiale, professionnelle, exclusion, catastrophe) Le médecin doit-il répondre à tout ?

v     Savoir ce que l’on traite

Le traitement le plus efficace, dans le champ de la médecine, est celui qui s’attaque aux causes de la maladie : le germe pour l’infection, l’anomalie électrique pour le trouble du rythme cardiaque (on implante une pile), l’anomalie métabolique pour le diabète, etc.…Ceci nécessite une bonne connaissance de ces causes, ce qui n’est pas le cas en santé mentale.
On évoquera les accents de triomphalisme de la biologie et de la génétique, en matière de recherche sur les maladies psychiques… sachant que l’industrie pharmaceutique reste l’argentier des orientations de la recherche.

v     Qu’est-ce que l’on attend du traitement ?

Ou encore qu’est-ce que traiter une maladie mentale ? Est-ce faire taire tous les symptômes à n’importe quel prix, pour que le malade ne dérange plus ? Est-ce simplement apaiser une souffrance, au risque de tolérer certains symptômes ? Traiter, est-ce obtenir la paix pour le patient ou pour le groupe social ? Ces deux intérêts sont souvent loin de se conjoindre. Est-ce que traiter, c’est s’adapter coûte que coûte aux exigences sociales du moment (travailler, dire bonjour, etc.….) ou est-ce que c’est tolérer la différence, une certaine différence… Sans doute la meilleure voie tient-elle compte de toutes ces exigences, ce qui rend tellement complexe le traitement de ces troubles : le traitement doit tenir compte des intérêts du patient d’abord, mais aussi de la famille et de la société. Il laissera toujours une trace de la maladie, une « cicatrice ».

v     La nécessité parfois de contraindre

Le problème enfin est celui de la demande, ou bien plutôt en santé mentale de l’absence de demande, soit de la nécessité parfois de contraindre. En médecine, en général, c’est le corps qui souffre et notre raison, processus mental, qui nous sert à juger de cette souffrance. Partant de ce jugement : « je souffre », il est tout à fait naturel de demander des soins et d’y consentir…

En psychiatrie, le problème est que ce qui nous sert à juger est parfois, et le plus souvent, malade, ce qui perturbe le schéma précédent : le patient ne peut plus se percevoir malade, ne peut plus consentir ou demander : il faut parfois contraindre A noter que ce n’est pas la gravité du trouble qui amène à la contrainte, mais la capacité ou non à consentir. Ceci est parfois relatif (dans le cas du suicide notamment)

Mais aussi la famille et l’entourage peuvent résister à la nécessité du traitement. Ceci se conçoit du fait du caractère souvent intolérable de l’émergence d’une maladie psychique dans un groupe. Cela entraîne des mécanismes de défense face à l’angoisse ou à la culpabilité parfois inconsciente. Les mécanismes peuvent être le déni (tout va bien), la projection (c’est la « faute de » ou la « faute à »). Lever ces défenses, c’est être capable d’informer, d’écouter. Une fois levées ou plutôt repérées, ces contraintes pèsent moins et l’on peut s’engager dans le processus thérapeutique.

 v     La place du symptôme en santé mentale

Si en médecine du corps, il ne fait aucun doute que le symptôme n’a d’autre fonction que de déranger…, en psychiatrie, le symptôme peut avoir une fonction, qui opère comme autant de résistance au traitement (voir le cas du délire, de l’alcool, de la dépression). Paradoxe du symptôme qui sert et fait souffrir… 

II) Le traitement des maladies mentales 

A) Les outils thérapeutiques, correspondant aux trois dimensions de la maladie psychique : biologique, psychologique, sociale

v     Les médicaments

Il existe plusieurs grandes classes thérapeutiques : les antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques, hypnotiques, régulateurs de l’humeur…Chacune soigne des troubles différents.
Les progrès de la recherche pour les  neuroleptiques se manifestent surtout, pour les antipsychotiques récents, par une meilleure tolérance et un meilleur confort d’utilisation, assez peu en matière de cible et d’efficacité.

v     Les outils psychothérapeutiques

Ils sont basés sur l’idée que le symptôme psychiatrique ou psychologique, de quelque nature qu’il soit, est intimement intriqué à l’histoire de chacun. Prêter attention à cette histoire, à la manière dont le sujet s’est construit, c’est offrir la possibilité sinon de découvrir le sens du symptôme, au moins d’apporter des éléments de compréhension : dans la forêt mystérieuse de la maladie psychique, sinon trouver le chemin, du moins mieux voir le paysage où se repérer.
Faire de la psychothérapie, c’est donc offrir au sujet la possibilité de se raconter. J’insiste sur le « se raconter » pour dire qu’il ne s’agit pas de conseiller (à ce stade), de juger ou critiquer. Les outils vont de la psychanalyse classique, aux groupes de parole en passant par les psychothérapies de soutien.

v     Les outils à visée réadaptative ou sociale

-               Les institutions (appartements thérapeutiques, centres d’accueil à temps partiel, centres de jour, etc.…)

-               Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC)

-               Les aides sociales et financières (AAH, etc.…)

-               Le médico-social, pour l’accueil, le travail et l’insertion des handicapés (CAT, Foyers de vie, etc.…)

B) Comment soigner ? 

Soigner c’est donc tenir compte de tout cela : dimension sociale de la maladie, sens du symptôme pour le sujet, participation du corps, présence de la famille, etc.…
Prendre en charge la maladie mentale nécessite donc une équipe pluridisciplinaire faite de psychiatres, psychologues, infirmiers, assistants sociaux, éducateurs, tout ceci dans ou hors l’institution
Soigner la maladie mentale, c’est aussi prendre son temps, s’engager parfois sur des années et supporter résistance, rechutes et récidives
l faut aussi tenir compte de l’entourage :

-               la famille : affaire complexe, sensible : la famille peut-elle n’être qu’un partenaire de soin ? Ne doit-on pas considérer que la famille n’est pas forcément neutre, faisant partie de l’histoire du patient, et l’aider, à travers des soins particuliers (thérapie familiale) à restaurer un fonctionnement jusque là difficile…Il y a intrication complexe de la famille du sujet, dans l’engrenage du problème. C’est moins la famille dans la réalité (souffrante !) que la famille intérieure du psychisme du patient

-               Il faut à la fois respecter la rencontre singulière avec le patient, mais aussi la famille et sa souffrance, quelles que soient les intrications des problématiques.

-               La cité : des semaines d’information sur la santé mentale (comme celle-ci) permettent, par une meilleure connaissance, un meilleur accueil de la souffrance psychique.

Conclusion

Il reste des problèmes à régler

-               l’information au patient et la relation médecin/malade

-               l’information à la famille et son soutien dans le respect du secret et de la singularité

-               Il faut aussi tenir compte des modifications sociales : le consumérisme, les restrictions budgétaires, une vision sécuritaire, dans une société hyper-normative et obsessionnalisée.